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18/12/2025

Combien de démissions pour revoter un conseil municipal ?

Que se passe-t-il lorsque trop de conseillers municipaux quittent leurs fonctions ? Entre conflits internes, blocages décisionnels et organisation d’élections municipales partielles, le cadre juridique peut sembler complexe et parfois mal compris.

La vie d’un conseil municipal n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Dans certaines communes, des démissions d’élus municipaux peuvent survenir à la suite de désaccords politiques, de tensions personnelles ou de difficultés à gouverner collectivement. Lorsque ces départs se multiplient, ils fragilisent le fonctionnement normal de l’assemblée locale et peuvent conduire à une véritable instabilité du conseil municipal

Pour nos lecteurs les plus impatients, une courte réponse à ce questionnement : 
À partir d’un tiers de conseillers municipaux démissionnaires non remplacés, on revote le conseil municipal.

 

2. Rappel : comment est composé un conseil municipal ?

Avant de déterminer les conséquences de la démission de plusieurs élus, il est indispensable de comprendre la composition du conseil municipal et son rôle dans la vie de la commune. Le nombre de conseillers municipaux n’est pas fixe : il varie en fonction de la population communale et conditionne directement les règles applicables en cas de vacance de sièges.
 

2.1 Nombre de conseillers municipaux selon la taille de la commune

Le nombre de conseillers municipaux est strictement encadré par le Code général des collectivités territoriales (CGCT). Il dépend du nombre d’habitants de la commune :

  • Communes de moins de 1 000 habitants :
    Le conseil municipal est élu au scrutin majoritaire. Le nombre de conseillers varie généralement de 7 à 15 membres, selon les seuils de population.
  • Communes de 1 000 habitants et plus :
    Le conseil municipal est élu au scrutin de liste proportionnel. Le nombre de conseillers est plus élevé et augmente avec la population, pouvant aller de 15 conseillers pour les petites communes jusqu’à 69 conseillers municipaux pour les villes les plus importantes.

Cette différence de taille et de mode de scrutin a un impact direct sur la manière dont les sièges vacants sont remplacés et sur les conditions pouvant mener à de nouvelles élections municipales.
 

2.2 Rôle du conseil municipal dans la gouvernance locale

Le conseil municipal constitue l’organe délibérant de la commune. Il joue un rôle central dans la gouvernance locale, notamment en :

  • votant le budget communal ;
  • prenant les décisions relatives aux projets locaux ;
  • adoptant les délibérations sur les affaires de la commune ;
  • contrôlant l’action du maire et de ses adjoints.

Un conseil municipal incomplet ou fragilisé par de nombreuses démissions peut donc avoir des difficultés à fonctionner normalement. C’est pourquoi la loi prévoit des mécanismes précis afin de garantir la continuité démocratique et le bon fonctionnement des institutions locales, notamment lorsque la composition du conseil municipal est remise en cause.

 

3. Qu’entend-on par démission d’un conseiller municipal ?

La démission d’un conseiller municipal correspond à la cessation volontaire ou imposée de son mandat avant son terme normal. Encadrée par la loi, elle obéit à des règles précises, tant sur ses motifs que sur ses effets, afin d’assurer la stabilité et la continuité du fonctionnement du conseil municipal.
 

3.1 Démission volontaire vs démission d’office

La démission volontaire est l’hypothèse la plus courante. Un conseiller municipal peut renoncer librement à son mandat, sans avoir à justifier sa décision. Les motifs peuvent être personnels (raisons professionnelles, familiales, santé) ou politiques (désaccords, conflits internes, opposition à la majorité municipale).

À l’inverse, la démission d’office d’un élu local intervient lorsque la loi impose la cessation du mandat. Elle peut notamment résulter :

  • d’une incompatibilité avec une autre fonction ou un emploi ;
  • d’une inéligibilité constatée après l’élection ;
  • d’une condamnation entraînant la perte des droits civiques ;
  • d’un manquement grave aux obligations légales.

La démission d’office n’est donc pas un choix de l’élu, mais une mesure administrative ou juridictionnelle visant à faire respecter les règles encadrant le mandat municipal.
 

3.2 Procédure légale de démission (acceptation par le préfet)

Contrairement à une idée répandue, la démission d’un conseiller municipal n’est pas automatiquement effective dès son annonce publique. Pour être valable juridiquement, elle doit être adressée par écrit au maire, puis transmise au préfet.

La démission ne devient définitive qu’après acceptation par le préfet, qui vérifie sa régularité. Cette formalité est essentielle, car tant que la démission n’est pas acceptée, le conseiller municipal est toujours juridiquement membre du conseil et ses fonctions ne sont pas vacantes.
 

3.3 Effets immédiats de la démission sur le conseil

Une fois la démission acceptée, le siège du conseiller municipal devient officiellement vacant. Cette vacance a des conséquences immédiates sur la composition du conseil municipal :

  • le nombre de membres en exercice diminue ;
  • les équilibres politiques internes peuvent être modifiés ;
  • la capacité du conseil à délibérer valablement peut être affectée si les démissions se multiplient.

Selon la taille de la commune et le nombre de sièges vacants, la démission d’un ou plusieurs élus peut conduire à un remplacement automatique, à l’organisation d’élections partielles ou, dans certains cas, à la nécessité de revoter l’ensemble du conseil municipal.

 

4. Combien de démissions entraînent de nouvelles élections municipales ?

C’est la question centrale lorsqu’un conseil municipal est fragilisé par des départs successifs : combien de démissions pour revoter un conseil municipal ? La réponse repose sur un principe juridique précis, qui varie toutefois selon la taille de la commune et le mode de scrutin applicable.
 

4.1 Le principe clé : la perte du tiers des membres du conseil

La règle fondamentale posée par le Code général des collectivités territoriales est la suivante :
lorsque le conseil municipal a perdu au moins un tiers de ses membres, il doit être procédé à de nouvelles élections.

Concrètement, on ne raisonne pas en nombre de démissions isolées, mais en proportion par rapport à l’effectif légal du conseil municipal. Dès que ce seuil du tiers est atteint ou dépassé, la situation n’est plus considérée comme ponctuelle, mais comme une atteinte au fonctionnement normal de l’assemblée locale. La loi impose alors le renouvellement du conseil par voie électorale, afin de rétablir une représentation démocratique complète.

Ce principe constitue le socle de la réponse à la question : combien de démission pour revoter un conseil municipal.
 

4.2 Cas des communes de moins de 1 000 habitants

Dans les communes de moins de 1 000 habitants, les conseillers municipaux sont élus au scrutin majoritaire. En cas de démissions, deux situations peuvent se présenter :

  • Vacances limitées de sièges :
    Des élections municipales complémentaires peuvent être organisées afin de pourvoir uniquement les sièges vacants.
  • Perte du tiers ou plus des membres du conseil :
    Lorsque le seuil du tiers est atteint, la loi impose des élections partielles intégrales, c’est-à-dire le renouvellement de l’ensemble du conseil municipal, et non pas seulement des sièges devenus vacants.

Dans ces petites communes, les démissions en chaîne ont donc rapidement des conséquences importantes sur la stabilité institutionnelle.
 

4.3 Cas des communes de 1 000 habitants et plus

Dans les communes de 1 000 habitants et plus, le fonctionnement est différent en raison du scrutin de liste. En principe, lorsqu’un conseiller municipal démissionne, il est remplacé automatiquement par le suivant de liste.

Cependant, cette règle connaît une limite majeure : la fin de liste. Lorsque tous les candidats de la liste élue ont déjà été appelés à siéger, il devient impossible de remplacer les conseillers démissionnaires.

Si cette impossibilité de remplacement conduit à la perte du tiers des membres du conseil municipal, alors de nouvelles élections municipales doivent être organisées pour renouveler l’ensemble du conseil. Les démissions prennent alors une dimension collective, entraînant un retour aux urnes pour les électeurs de la commune.

Dans tous les cas, c’est donc la combinaison du nombre de démissions, du seuil du tiers et des règles propres à chaque type de commune qui détermine s’il faut, ou non, revoter un conseil municipal.

 

5. Dans quels cas doit-on revoter l’ensemble du conseil municipal ?

La démission de plusieurs élus n’entraîne pas automatiquement un nouveau scrutin. Toutefois, certaines situations rendent inévitable le fait de revoter le conseil municipal. La loi prévoit en effet des cas précis dans lesquels le renouvellement complet du conseil devient nécessaire afin de garantir le bon fonctionnement des institutions locales et la légitimité démocratique des décisions prises.
 

5.1 Conseil municipal incomplet et impossibilité de remplacement

Le premier cas concerne un conseil municipal incomplet lorsque les sièges vacants ne peuvent plus être pourvus. Cette situation se rencontre principalement dans les communes de 1 000 habitants et plus, lorsque la liste électorale est épuisée et qu’aucun candidat supplémentaire ne peut remplacer les conseillers démissionnaires.

Dans les communes de moins de 1 000 habitants, elle peut également se produire lorsque le nombre de démissions atteint un seuil tel que des élections complémentaires ne suffisent plus à assurer un conseil pleinement opérationnel.

Dès lors que cette impossibilité de remplacement conduit à la perte d’au moins un tiers des membres du conseil municipal, la loi impose l’organisation de nouvelles élections pour renouveler l’ensemble de l’assemblée.
 

5.2 Démissions en chaîne et blocage institutionnel

Le second cas correspond aux démissions en chaîne, souvent liées à des conflits politiques profonds, à une crise de gouvernance ou à un désaccord durable avec le maire. Lorsque ces démissions se multiplient, elles peuvent provoquer un véritable blocage institutionnel : impossibilité de réunir le quorum, paralysie des délibérations, ou incapacité à voter le budget communal.

Dans une telle situation, même si la commune continue théoriquement à fonctionner, la perte de représentativité et d’efficacité du conseil justifie l’organisation d’élections municipales anticipées. Le renouvellement complet du conseil permet alors de redonner la parole aux électeurs et de restaurer un fonctionnement démocratique normal.
 

5.3 Rôle du préfet dans la décision de nouvelles élections

Le préfet joue un rôle central dans la procédure. C’est lui qui constate officiellement la vacance des sièges, vérifie si les conditions légales sont réunies et décide, le cas échéant, de la convocation des électeurs.

Lorsque les critères sont remplis — notamment la perte du tiers des membres et l’impossibilité de remplacement — le préfet prend un arrêté fixant la date des nouvelles élections municipales. Il veille également à la continuité de l’action municipale en attendant le scrutin, en encadrant juridiquement la période transitoire.

Ainsi, le choix de revoter le conseil municipal n’est jamais arbitraire : il résulte d’une analyse juridique précise et d’une décision administrative destinée à garantir la stabilité institutionnelle et la légitimité démocratique au niveau local.

 

6. Que se passe-t-il en attendant les nouvelles élections ?

Lorsqu’il est décidé d’organiser de nouvelles élections municipales, une période transitoire s’ouvre entre la constatation de la vacance du conseil et l’installation du nouveau conseil élu. Durant cette phase, la loi prévoit des mécanismes précis afin d’assurer la continuité du service public local et d’éviter toute rupture dans la gestion de la commune.
 

6.1 Gestion des affaires courantes

En attendant les élections, la commune continue de fonctionner, mais de manière encadrée. La gestion est limitée aux affaires courantes, c’est-à-dire aux actes indispensables au fonctionnement quotidien de la collectivité : paiement des dépenses obligatoires, gestion du personnel communal, entretien des équipements publics ou encore exécution des décisions déjà prises.

En revanche, les décisions engageant durablement la commune — projets structurants, investissements importants ou orientations politiques nouvelles — sont en principe évitées, afin de ne pas lier le futur conseil municipal issu des urnes.
 

6.2 Rôle du maire ou d’une délégation spéciale

Selon la situation, deux configurations peuvent se présenter. Si le conseil municipal peut encore fonctionner partiellement, le maire et les adjoints en place — élus par le conseil municipal selon une procédure spécifique — continuent d’exercer leurs fonctions, dans les limites de la gestion courante.

En revanche, lorsque le conseil municipal est dissous ou ne peut plus fonctionner, le préfet peut nommer une délégation spéciale. Cette instance administrative provisoire est chargée d’administrer la commune jusqu’à l’élection du nouveau conseil. Son rôle est strictement limité : elle assure uniquement la continuité administrative et prépare l’organisation du scrutin, sans pouvoir prendre de décisions politiques majeures.
 

6.3 Délais légaux avant l’organisation du scrutin

Les délais légaux pour organiser de nouvelles élections municipales sont encadrés afin de garantir un retour rapide à une situation démocratique normale. En principe, le préfet fixe la date du scrutin dans un délai relativement court après la constatation officielle de la vacance du conseil municipal, généralement dans les trois mois.

Ces délais permettent d’organiser matériellement les élections (dépôt des candidatures, campagne électorale, information des électeurs) tout en évitant une période transitoire trop longue. L’objectif est clair : assurer la continuité de la gestion communale tout en rétablissant, dans les meilleurs délais, un conseil municipal pleinement légitime et opérationnel.

 

7. Exemples concrets et cas pratiques

Pour mieux comprendre les conséquences des démissions d’élus municipaux et les situations dans lesquelles des élections municipales partielles ou intégrales doivent être organisées, il est utile d’illustrer les règles par des exemples concrets.
 

Exemple chiffré dans une commune de 500 habitants

Dans une commune de 500 habitants, le conseil municipal est composé de 11 conseillers municipaux.
Le seuil du tiers correspond donc à 4 conseillers (un tiers de 11 étant arrondi à l’entier supérieur).

Si 1 à 3 conseillers municipaux démissionnent, le conseil reste légalement en place. Des élections complémentaires peuvent être organisées pour pourvoir les sièges vacants.

En revanche, si 4 conseillers ou plus démissionnent, le conseil municipal a perdu au moins un tiers de ses membres. La loi impose alors l’organisation d’élections municipales partielles intégrales, conduisant au renouvellement complet du conseil municipal.

Dans les petites communes, quelques démissions suffisent donc à provoquer un retour aux urnes.
 

Exemple chiffré dans une commune de 5 000 habitants

Dans une commune de 5 000 habitants, le conseil municipal comprend 29 conseillers municipaux.
Le seuil du tiers est ici de 10 conseillers.

Si plusieurs élus démissionnent, ils sont en principe remplacés par les suivants de liste. Toutefois, si la liste est épuisée et que 10 sièges ou plus deviennent vacants, le conseil municipal perd un tiers de ses membres sans possibilité de remplacement.

Dans ce cas, des élections municipales partielles doivent être organisées afin de renouveler l’ensemble du conseil municipal, malgré la taille plus importante de la commune.
 

Cas réel ou situation fréquente

Une situation fréquemment rencontrée est celle d’un conflit durable entre le maire et une partie de la majorité municipale. Plusieurs conseillers démissionnent successivement pour protester contre la gouvernance ou l’orientation politique de l’exécutif local. Au fil des mois, ces démissions d’élus municipaux s’accumulent, jusqu’à atteindre le seuil légal du tiers.

Lorsque les remplacements ne sont plus possibles ou que le conseil devient trop affaibli pour fonctionner normalement, le préfet est contraint de convoquer les électeurs pour des élections municipales partielles, voire un renouvellement intégral du conseil. Ces situations illustrent concrètement l’objectif de la loi : garantir la stabilité institutionnelle tout en redonnant la parole aux citoyens lorsque la représentation municipale est remise en cause.

 

💡 À retenir :
À partir d’un tiers de conseillers municipaux démissionnaires non remplacés, on revote le conseil municipal.