Combien y a-t-il de maires en France en 2025 ?
Le maire occupe une place essentielle dans la vie quotidienne des Français. Interlocuteur de proximité, il intervient dans de nombreux domaines : état civil, urbanisme, écoles, sécurité, gestion des services locaux… Son rôle concret et visible en fait l’une des figures politiques les plus importantes du pays, bien plus proche des citoyens que les élus nationaux.
La France se distingue par un fait unique en Europe : elle possède un très grand nombre de communes, héritage direct de l’organisation territoriale issue de la Révolution française. Avec plusieurs dizaines de milliers de communes, souvent de petite taille, elle compte logiquement un nombre exceptionnellement élevé de maires.
D’où la question centrale : combien y a-t-il de maires en France aujourd’hui, et pourquoi ce nombre évolue-t-il légèrement ? Entre stabilité institutionnelle et fusions de communes qui réduisent progressivement leur nombre, comprendre cette réalité permet de mieux saisir l’organisation du territoire français et ses transformations actuelles.
I. Le chiffre clé : environ 35 000 maires en France
1) Un nombre actuel d’environ 35 000 maires
Aujourd’hui, la France compte environ 35 000 maires. Ce chiffre correspond pratiquement au nombre de communes, puisque chaque commune élit un maire et un conseil municipal. C’est l’un des fondements de l’organisation territoriale française : chaque territoire, même le plus petit village, possède son propre exécutif local, garantissant une gestion de proximité et une représentation démocratique directe.
2) Une légère baisse liée aux fusions de communes
Ce nombre, bien que très élevé, diminue légèrement d’année en année. La raison principale : les fusions de communes et la création de communes nouvelles. Ce mouvement, encouragé par l’État, vise à simplifier la carte administrative et à renforcer les capacités des territoires, notamment ruraux.
Concrètement, lorsque plusieurs communes décident de se regrouper, elles ne forment plus qu’une seule entité administrative — et donc un seul maire remplace plusieurs maires. C’est souvent le cas pour des petites communes rurales qui souhaitent mutualiser leurs services, optimiser leurs ressources ou assurer la continuité de services publics parfois difficiles à maintenir seules.
Ainsi, même si l’ordre de grandeur reste stable, cette dynamique de regroupement explique pourquoi le nombre total de maires en France baisse progressivement tout en demeurant l’un des plus élevés au monde.
II. Pourquoi y a-t-il autant de maires en France ?
1) Un découpage communal hérité de la Révolution française
Le nombre exceptionnel de maires en France s’explique avant tout par son découpage communal historique. À la Révolution française, les territoires ont été réorganisés pour créer des communes correspondant souvent aux anciennes paroisses. Ce choix a abouti à une multitude de petites entités locales, parfois de quelques centaines d’habitants seulement. Plus de deux siècles plus tard, ce maillage très fin perdure, faisant de la France le pays européen comptant le plus grand nombre de communes.
2) Un maire par commune : un principe juridique fondamental
À cette particularité historique s’ajoute un principe juridique simple : chaque commune doit obligatoirement disposer d’un maire et d’un conseil municipal. Le maire est élu par les conseillers municipaux et devient l’exécutif de la commune. Ce modèle garantit une gouvernance locale de proximité, mais il multiplie mécaniquement le nombre de maires dès lors que le territoire compte beaucoup de communes, grandes ou petites.
3) Un cas unique en Europe
Comparée à d’autres pays européens, la France fait figure d’exception. Là où l’Allemagne, l’Espagne ou encore l’Italie comptent quelques milliers de municipalités, la France en possède plusieurs dizaines de milliers. Cette disproportion se retrouve logiquement dans le nombre de maires : aucun autre pays européen n’en compte autant. La France reste ainsi le territoire où la représentation locale est la plus dense, reflet d’un attachement historique à la commune en tant que cellule de base de la démocratie.
III. Les fusions de communes : un phénomène qui change le nombre de maires
1) Le mouvement des « communes nouvelles »
Depuis une dizaine d’années, la carte administrative française évolue sous l’effet du dispositif des communes nouvelles, introduit et encouragé par plusieurs réformes territoriales, notamment les lois MAPTAM (2014) et NOTRe (2015). Ces lois visent à renforcer la coopération intercommunale et à simplifier un maillage communal jugé trop fragmenté. Elles offrent des incitations financières et administratives pour encourager des communes voisines à se regrouper afin de former une entité unique.
2) Un impact direct sur le nombre de maires
Lorsque plusieurs communes fusionnent pour devenir une commune nouvelle, elles ne forment plus qu’une seule collectivité locale… et donc un seul maire remplace plusieurs maires. Ce mécanisme entraîne mécaniquement une réduction du nombre total de maires, même si les anciens maires peuvent parfois conserver un rôle de maire délégué durant une période transitoire. En pratique, une fusion de trois ou quatre petites communes se traduit par la disparition de autant de mandats de maire, au profit d’un maire unique à la tête du nouvel ensemble.
3) Un rythme modéré mais continu
Le phénomène des fusions reste modéré, car de nombreuses communes tiennent à leur identité locale et à leur autonomie. Cependant, il est constant : chaque année, de nouvelles communes choisissent de se regrouper pour mutualiser leurs moyens, renforcer leurs services publics ou pérenniser leur fonctionnement administratif. Ce mouvement progressif explique la baisse très légère, mais régulière, du nombre total de maires en France. Même si l’ordre de grandeur reste stable autour de 35 000, ce chiffre continue de diminuer lentement au fil des fusions.
IV. Le portrait des maires en France
1) Une répartition géographique majoritairement rurale
Le paysage des maires en France est très largement dominé par les communes rurales. En effet, la grande majorité des communes françaises compte moins de 2 000 habitants, ce qui signifie que la plupart des maires exercent dans des territoires ruraux ou semi-ruraux. Cette forte représentation rurale façonne le quotidien des élus : gestion de petites équipes, proximité directe avec les habitants, polyvalence des missions et implication personnelle très marquée.
2) Des caractéristiques sociodémographiques variées
Le profil sociodémographique des maires reflète la diversité sociale du pays, même si certaines tendances se dégagent. L’âge moyen des maires est relativement élevé, car la fonction exige du temps, de l'expérience et une disponibilité que l’on retrouve plus souvent chez les actifs en fin de carrière ou les retraités.
La diversité professionnelle est également très forte : agriculteurs, artisans, cadres, enseignants, professions libérales… Cette diversité contribue à une gouvernance locale ancrée dans les réalités du terrain.
Par ailleurs, la féminisation des exécutifs municipaux progresse, même si elle reste encore inférieure à la parité. Les dernières élections ont permis à davantage de femmes d’accéder à la fonction de maire, particulièrement dans les petites et moyennes communes.
3) Une fonction qui représente des populations très différentes
Si le nombre total de maires est élevé, leur poids démographique varie énormément selon la taille de leur commune. Certains maires représentent seulement quelques dizaines d’habitants, comme c’est souvent le cas dans les villages les plus ruraux. À l’inverse, les maires des grandes métropoles — Paris, Lyon, Marseille — administrent des communes comptant plusieurs centaines de milliers à plusieurs millions d’habitants.
Cette disparité souligne que, bien que tous portent le même titre, les responsabilités, les moyens et l’impact réel d’un maire diffèrent considérablement selon la taille de la commune qu’il dirige. On retrouve cette logique également dans les règles électorales : le nombre de signatures nécessaires pour se présenter à l’élection municipale dépend du nombre d'habitants dans la commune.
V. Enjeux du nombre de maires aujourd’hui
1) Proximité et représentation locale : le maire, figure la plus accessible
Le grand nombre de maires en France garantit un niveau exceptionnel de proximité entre les citoyens et leurs élus. Dans de nombreuses petites communes, le maire est non seulement un gestionnaire public, mais aussi un interlocuteur direct, connu personnellement de la majorité des habitants. Cette accessibilité renforce la confiance, favorise le dialogue et permet souvent une réaction rapide aux problèmes du quotidien. Le maire demeure ainsi la figure politique la plus accessible et la plus identifiée par les Français.
2) Gestion territoriale et efficacité administrative : un débat permanent
Le nombre très élevé de communes — et donc de maires — alimente depuis longtemps un débat sur l’efficacité de l’organisation territoriale. Certains estiment que le morcellement communal complique la gestion publique, multiplie les coûts administratifs et limite la capacité d’action des petites communes. D’autres défendent au contraire un modèle garantissant la proximité, l’ancrage local et la richesse démocratique.
Cette question reste au cœur des réformes territoriales : la France a-t-elle trop de communes ? Faut-il continuer à encourager les regroupements pour gagner en efficacité ? Le débat reste ouvert.
3) Quel avenir pour les communes et les maires ?
L’avenir du nombre de maires en France dépend en grande partie de la dynamique des fusions de communes. Si le mouvement reste modéré, il est néanmoins continu, et rien n’indique qu’il s’arrêtera. Les incitations financières, la mutualisation des services ou encore les défis démographiques des territoires ruraux encouragent de plus en plus de communes à se regrouper.
Il est donc probable que le nombre total de maires continue de diminuer doucement dans les années à venir, passant peut-être durablement sous la barre des 35 000. Cette évolution, progressive et contrôlée, redéfinit petit à petit la carte communale française tout en posant la question essentielle : comment maintenir la proximité avec les citoyens dans un contexte de rationalisation territoriale ?